Alger la Blanche

Publié le par Louise

Au moment où l’Algérie est frappée par la folie meurtrière, cet article lui est consacré, bien que n’ayant rien à voir avec l’actualité et ayant été rédigé avant d’avoir entendu cette info.

L’histoire de France n’a rien de simple, c’est un fait !

 

 La France n’a pas toujours été le pays le plus sympathique, le plus accueillant, le plus respectueux des droits de l’homme, c’est un fait aussi. Mais ça, c’est le cas de tous les pays du monde, pas de flagellation !

Parmi ces épisodes, disons, douloureux, de notre histoire, outre Vichy, on trouve, très bien placé dans la catégorie « tabous et oubli » la guerre d’Algérie.

C’est un événement tellement tragique, qu’on a encore du mal, 40 ans après à démêler l’écheveau de son déroulement. Tout y est si trouble : les causes, les acteurs, les victimes, les assassins, l’OAS, le FLN, le terrorisme, la torture, les civils, les militaires, les femmes, De Gaulle. Même la date officielle de la fin des combats est discutée !

Episode tragique et ô combien obscur, le traitement des soldats musulmans engagés auprès de l’armée française dans sa lutte contre les indépendantistes, les Harkis. Si on y regarde de loin et vite fait, ce sont des collabos qui ont trahi leur propre peuple pour soutenir l’occupant français. Chez nous, quelques années auparavant, on n’avait pas épargné ce genre de personnes.

En Algérie, ce fut la même chose. Après les Accords d’Evian en mars 62 et jusqu' à la proclamation officielle de l’indépendance en juillet, ce furent des milliers de personnes qui ont été sauvagement massacrées, mutilées et assassinées. C’est vrai. Par leur propre peuple en colère, colère légitime, reconnaissons le, mais d’une violence rare. Alors ces algériens ont cherché refuge auprès de la nation pour qui ils avaient été jusqu’à renier leurs propres frères, la France. Mais la France n’a pas voulu d’eux et les a renvoyés en Algérie quand ils arrivaient dans les ports … Les représailles furent abominables.

De Gaulle le premier a tout bonnement refusé d’accueillir ces hommes et ces familles entières : On ne peut pas accepter de replier tous les musulmans qui viendraient à déclarer qu'ils ne s'entendront pas avec leur gouvernement !

 Dans une note de mai 62, le gouvernement français est très clair :

«  Les supplétifs débarqués en métropole en dehors du plan général de rapatriement seront renvoyés en Algérie […]. Il conviendra d’éviter de donner la moindre publicité à cette mesure […]. Les promoteurs et les complices de rapatriements prématurés seront l’objet de sanctions appropriées. » Pierre Messmer, ministre des armées, a spécifié dans une note ministérielle de mai 1962 que les arrivées en France de harkis " dues à des initiatives individuelles […] représentent des infractions caractérisées. »

Bref, les Harkis sont pris entre deux feux et ne s’en sortiront pas.

 

Selon les sources, extrêmement divergentes, le nombre de morts harkis varie du simple au double, mais sans toutefois pouvoir le confirmer absolument, le nombre 70000 morts est le plus cité par les historiens. Je reste derrière les études des professionnels, je ne m’ « attaque » à l’étude de cette guerre que depuis trop peu de temps pour avoir des idées bien nettes sur le sujet.

 

En revanche, je ne suis pas la seule à me pencher sur ce sujet brûlant des harkis. Les partis politiques s’en mêlent aussi. Leurs interventions à ce sujet sont sans doute plus discrètes que pour le « pacte écolo » de Hulot, mais le fait est là , Hollande le 10 avril, comme Sarkozy fin mars, font amende honorable et souhaitent, chacun de leur côté, s’ils parviennent à la tête de l’état, reconnaître que la France a bel et bien abandonné les milliers de harkis qui avaient combattu pour elle entre 54 et 62. Bayrou, lui, parle de ces familles qui subissent une double haine : celle d’être considérées comme des traîtres en Algérie et comme des immigrées en France, pour celles qui ont réussi à arriver en France.

Bref, chacun sort ses violons pour se réconcilier avec les harkis sans froisser les Algériens…

Rien n’est clair dans cette histoire récente, les acteurs sont toujours vivants pour bon nombre d’entre aux, les plaies restent à vif, et  les rôles ne sont pas aussi clairs qu’on aimerait,  même si on sait que le « héros » de la 2ème guerre fut un des acteurs les plus doubles, les plus troubles.

Pas facile le rôle d’ancienne puissance coloniale !! Encore aujourd’hui les braises sont vivantes, Sarkozy lui même, dit « rêver de relations apaisées entre les deux rives de la Méditerranée ». Il reste du travail !

Publié dans mctproduction

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T
Et ils ne sont pas toujours d'accord entre eux d'ailleurs.
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L
c'est là que le travail des historiens est capital, mais même eux souvent ne sont pas objectifs.
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T
Et c'est justement pas toujours évident de les définir, ces responsabilités.
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L
l'important n'est pas de se flageller sans cesse mais bien de reconnaître les responsabilités là où elles sont.
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D
Rien à dire. tout à déplorer. Jusqu'où ira notre impuissance ?
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