L'histoire sans fin
Alors que Benoît est en train de faire sa tournée surréaliste en Israël, sans pour autant se repentir franchement devant Yad Vashem, sans pour autant renier la réhabilitation d'un évêque négationniste, alors qu'en Autriche, un hôtel a refusé l'entrée à une famille juive orthodoxe, l'histoire, elle, continue sa marche, lente certes, mais en avant.
Un ancien nazi, gardien du camp d'extermination de Sobibor, John Demjanjuk, va être extradé des USA vers l'Allemagne pour répondre de ses crimes: l'assassinat de milliers de Juifs dans ce camp, 29000 pour être précis.
Arrivé aux Etats Unis en 1952, en ne mentionnant pas son passé, celui-ci l'a cependant rattrapé et le nazi a été déchu de la nationalité en 2002.
Il doit arriver en Europe ce matin.
Malgré les protestations de sa famille, affirmant que Demjanjuk est trop malade pour être extradé, il va devoir répondre de ses actes devant la justice allemande.
Il était temps.
Ses enfants affirment qu'il est malade, atteint de leucémie, et qu'une extradition est une .... torture. Cependant, peu de temps avant le jugement, on l'a vu marcher, paisiblement et sans canne. Le syndrome Pinochet sans doute....
Il y a quelques années, Demjanjuk avait déjà été condamné pour crime contre l'humanité, en tant que gardien du camp de Treblinka. Mais ce jugement avait été cassé par la Cour Suprême d'Israël en 1988, la justice estimant que Demjanjuk n'était le fameux "Ivan le Terrible" de Treblinka. Mais gardien à Sobibor est déjà un bien funeste palmarès.
Demjanjuk nie toute participation à la Shoah, prétendant avoir été enrôlé en 1941 dans l'armée russe, en tant qu'Ukrainien, avoir été fait prisonnier en 1942 par les Allemands, et par la suite, avoir été contraint de "travailler " dans les camps de la mort nazis.
Cependant, le centre Simon Wiesenthal l'avait inscrit en première ligne de sa liste des plus grands criminels nazis recherchés.
"Je suis désolé que cela ait pris si longtemps", a déclaré Avner Shalev, président du mémorial Yad Vashem à Jérusalem. Il a souligné qu'un "procès juste" allait avoir lieu en Allemagne. "C'est le symbole que le monde reste conscient", a-t-il ajouté.
Espérons que cette fois, aucune cassation ne viendra arrêter le cours de la justice.